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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/167

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le second livre de la jungle

qui le tenait d’un de ses frères, que dans Calcutta du Sud tous les Chacals étaient gras comme loutres pendant les Pluies, dit le Chacal, à qui cette seule pensée faisait venir l’eau à la bouche.

— Oui, mais il y a là les visages blancs — les Anglais — et ils amènent leurs chiens de quelque part, au bas de la rivière, dans des bateaux — de gros chiens bien nourris — pour empêcher ces mêmes Chacals d’engraisser, dit l’Adjudant.

— Ils ont donc le cœur aussi dur que les gens d’ici ? Je devrais le savoir. Ni terre, ni ciel, ni eau n’a pitié d’un Chacal. J’ai vu les tentes d’un homme blanc, à la saison dernière, après les Pluies, et j’y ai pris même une bride jaune toute neuve pour la manger. Les visages blancs ne préparent pas bien leur cuir. J’en ai eu très mal à l’estomac.

— Vous avez eu plus de chance que dans mon cas, dit l’Adjudant. J’étais alors, dans ma troisième saison, un oiseau jeune et hardi ; je descendis à l’endroit de la rivière où abordent les grands bateaux. Les bateaux des Anglais sont trois fois aussi grands que ce village.

— Il est allé aussi loin que Delhi, et va nous prétendre que les gens y marchent sur la tête, murmura le Chacal.