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le second livre de la jungle

— C’est à l’autre d’en juger. Je tire !

Un grondement retentit, pareil au bruit d’un petit canon (la grosse espèce de fusil d’éléphant ne diffère pas beaucoup d’une pièce d’artillerie), et on vit un double trait de flamme, suivi de la détonation perçante du Martini dont la longue balle a facilement raison du blindage d’un crocodile. Mais les balles explosives avaient fait la besogne. L’une d’elles toucha le Mugger juste derrière le cou, à une largeur de main, sur la gauche, de l’épine dorsale, tandis que l’autre éclata un peu plus bas, à la naissance de la queue. Quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, un crocodile blessé à mort peut ramper jusqu’en eau profonde et disparaître ; mais le Mugger de Mugger Ghaut était littéralement brisé en trois morceaux. Il put à peine remuer la tête avant que la vie l’eût quitté, et il resta là aussi plat que le Chacal.

— Tonnerre et foudre ! Foudre et tonnerre ! — s’écria la misérable petite bête. — Est-ce que la chose qui traîne les charrettes à toit sur le pont a fini par tomber ?

Ce n’est qu’un fusil, dit l’Adjudant, bien qu’il

    balles explosives sur les éléphants, crocodiles, rhinocéros et autres animaux lourdement cuirassés. (Note des traducteurs.)