tout en aboyant, sautant et gambadant, fut bientôt hors de vue. Son mal n’avait rien de l’hydrophobie, et n’était que simple démence. Le froid et la faim, et, par-dessus tout, l’obscurité lui avaient tourné la tête. Et, une fois que le terrible mal des chiens s’est manifesté dans un attelage, il s’étend comme une traînée de poudre. Le jour de chasse suivant, un autre chien tomba malade et fut tué sur place par Kotuko, pendant qu’il mordait et se débattait parmi les traits. Puis le second chien noir, qui avait été jadis le conducteur, donna tout à coup de la voix sur une trace de renne imaginaire, et, en un tour de main, délivré du pitu, sauta aussitôt à la gorge… d’un bloc de glace, et disparut au galop, comme avait fait son chef, le harnais sur le dos. Après cela, personne ne voulut plus sortir les chiens. On en avait besoin pour autre chose, désormais, et ils savaient pourquoi ; et, bien qu’à l’attache et nourris à la main, leurs yeux étaient remplis de désespoir et de crainte. Pour tout empirer, les vieilles femmes commencèrent à raconter des histoires de revenants, et à dire qu’elles avaient rencontré les âmes des chasseurs morts, ceux qu’on avait perdus à l’automne, qui prophétisaient toutes sortes d’horribles choses.
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