des Chanteurs — chansons de l’été, chanson du renne et du saumon — toutes cruellement déplacées en pareille saison. Il déclarait entendre la tornaque gronder sur ses talons, et parfois, comme un insensé, escaladait un hummock en agitant les bras et en criant des menaces.
À dire vrai Kotuko fut à très peu près fou pendant ces jours-là ; mais la jeune fille tenait pour certain qu’il était guidé par son bon génie, et que tout arriverait à bonne fin. Aussi ne fut-elle pas surprise lorsque, à la fin de la quatrième marche, Kotuko, dont les yeux flambaient comme des globes de feu dans les orbites, lui dit que sa tornaque les suivait à travers la neige sous la forme d’un chien à deux têtes. La jeune fille regarda dans la direction que Kotuko montrait du doigt, et une Chose, en effet, sembla glisser dans un ravin. Cela n’avait certainement rien d’humain, mais tout le monde sait que la tornaque se plaît à apparaître sous la forme d’un ours, d’un phoque ou de n’importe quoi d’approchant.
Ce pouvait être l’Ours Blanc Fantôme à Dix Pieds lui-même, ou toute autre chose, car les privations avaient tellement affaibli Kotuko et la jeune fille qu’ils ne pouvaient guère se fier à leurs