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le second livre de la jungle

— Je n’ai rien mangé de mauvais, se dit-il. L’eau que j’ai bue était bonne. Ma gorge ne brûle pas non plus, ni ne semble se rétrécir, comme le jour où je mordis à la racine tachetée de bleu que Oo, la Tortue, m’avait dit être bonne à manger. Mais j’ai le cœur gros, et, sans raison, j’ai fort mal répondu à Bagheera et aux autres, aussi bien au Peuple de la Jungle qu’à mes amis. En outre, je me sens chaud et froid tour à tour, ou bien je n’ai ni froid ni chaud, mais je suis mécontent sans comprendre pourquoi… Huhu ! Il est grand temps de faire une course! Ce soir, je vais passer les collines ; oui, je vais pousser une course de printemps jusqu’aux marais du Nord, et revenir. J’ai chassé trop longtemps sans me donner assez de mal. Les Quatre vont m’accompagner, ils deviennent gras comme des vers blancs.

Il appela, mais pas un des Quatre ne répondit. Ils étaient loin, hors de portée de voix, en train de reprendre les chansons du printemps — la chanson de la Lune et la chanson du Sambhur — en compagnie des loups du Clan : car, au printemps, les habitants de la Jungle ne font guère de différence entre le jour et la nuit. Il lança l’aboiement impérieux de l’appel familier, et ne reçut pour réponse