Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/364

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
355
la course de printemps

— Je vais aller regarder, dit-il, pour me rendre compte si les clans d’Hommes ont changé.

Oubliant qu’il n’était plus dans sa Jungle où il pouvait faire ce qui lui plaisait, il foula avec insouciance l’herbe chargée de rosée, jusqu’à la hutte où brillait la lumière. Trois ou quatre chiens donnèrent de la voix, car il se trouvait sur les confins d’un village.

— Bah ! — dit Mowgli, qui s’accroupit sans bruit, en renvoyant un sourd grognement de loup pour faire taire les roquets. Arrive, qui plante. Mowgli, qu’as-tu donc à faire encore avec les gîtes des Hommes ?

Il porta son doigt à sa bouche, à l’endroit où une pierre l’avait frappé des années auparavant, le jour où l’autre clan d’Hommes l’avait chassé.

La porte de la hutte s’ouvrit, et, sur le seuil, une femme parut qui sondait l’obscurité. Un enfant pleura, et la femme dit par-dessus son épaule :

— Dors. Ce n’est qu’un chacal qui a éveillé les chiens. Dans un peu de temps le matin se lève.

Mowgli, dans l’herbe, se mit à trembler comme pris de fièvre. Il connaissait bien cette voix, mais, pour être sûr, il appela doucement, surpris de constater avec quelle facilité la parole humaine lui revenait :