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Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/89

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le second livre de la jungle

appris quelque chose. C’est, alors qu’Akela et Frère Gris durent expliquer la part qu’ils avaient prise à la grande conduite des buffles dans le ravin ; et Baloo monta cahin caha la colline pour entendre toute l’histoire, tandis que Bagheera se grattait de plaisir des pieds à la tête en voyant de quelle façon Mowgli avait mené sa campagne. Le soleil était déjà haut dans le ciel, et personne ne songeait à dormir. De temps en temps, Mère Louve levait le nez pour renifler avec satisfaction une bonne prise d’air, lorsque le vent lui apportait l’odeur de la peau de tigre étendue sur le Rocher du Conseil.

— Sans Akela et Frère Gris que voilà — dit Mowgli pour finir, — je n’aurais pu rien faire… Oh ! mère, mère ! si tu avais vu les taureaux bleus dégringoler le ravin, ou se presser entre les barrières quand le clan des Hommes me jetait des pierres !

— Pour ce qui est des pierres, je suis bien aise de n’avoir rien vu, dit Mère Louve avec roideur. Je n’ai pas l’habitude, moi, de permettre qu’on donne la chasse à mes petits comme à des chacals. Il aurait fallu que le clan des Hommes me payât cela… Mais… j’aurais épargné la femme qui t’a donné le lait… Oui… je n’aurais épargné qu’elle.