des crochets et me couchant, pour laisser une piste mêlée dans le cas où on voudrait nous suivre. Mais quand j’eus tellement brouillé la piste que c’est à peine si je la reconnaissais moi-même, Mang la chauve-souris, vint en voletant parmi les arbres et se suspendit au-dessus de moi :
— Le village du Clan des Hommes, d’où l’on a chassé le Petit d’Homme bourdonne comme un nid de frelons, dit-elle.
— Oui, fit Mowgli avec un petit rire. C’est un joli caillou que je leur ai lancé là !
Il s’était souvent amusé à jeter des fruits mûrs de paws-paws dans les nids de frelons, quitte à courir à la mare la plus proche avant que les frelons puissent l’attraper.
— Je demandai à Mang ce qu’elle avait vu. Elle me répondit que la Fleur Rouge s’épanouissait à la barrière du village, et que des hommes armés de fusils étaient assis autour. Or, je sais, et j’ai bonne raison de savoir — ici Akela regarda les vieilles cicatrices de ses flancs et de ses côtes — que lorsqu’un homme porte un fusil, ce n’est pas seulement pour le plaisir. Tout à l’heure, Petit Frère, un homme armé d’un fusil suivra notre piste… s’il n’est pas, ma foi, déjà dessus.