Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/100

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lit en balançant ses grosses jambes, et demandait au perroquet ce qu’il pensait de Simmons. Le perroquet répondait : « Simmons, tu es un so-ôr. » « Brave petit gars, disait Losson, en grattant le crâne de la bête. Tu l’entends, Sim ? » Et Simmons de se retourner sur le ventre et de répondre : « J’entends. Prends garde, toi, de ne pas entendre autre chose un de ces jours. »

Dans les nuits d’insomnie, alors qu’il avait dormi tout le jour, des accès de rage s’emparaient de Simmons et le travaillaient au point de le faire trembler de tout son corps, tandis qu’il songeait aux mille façons différentes de trucider Losson. Parfois il s’imaginait piétinant à mort son ennemi avec ses lourdes bottes réglementaires, à d’autres fois lui broyant la figure à coups de crosse, et à d’autres lui sautant sur le dos et lui ramenant la tête en arrière jusqu’à lui faire craquer les os du cou. À ces moments-là sa bouche devenait brûlante de fièvre, et il allongeait le bras sous son lit pour prendre la topette et boire une nouvelle gorgée de bière.

Mais l’imagination qui lui revenait le plus souvent et avec le plus de persistance se rapportait à la grosse boule de graisse que Losson avait sous l’oreille droite. Il la remarqua pour la première fois une nuit de clair de lune, et par la suite cette boule de graisse ne cessa de le hanter. Elle était fascinante,