Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/105

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Et pour appuyer cette assertion Simmons fit feu sur les fenêtres éclairées du mess.

— Le soldat Simmons, de la compagnie E, sur l’esplanade de la cavalerie, monsieur, avec trente cartouches, annonça au colonel un sergent tout hors d’haleine. Tire à droite et à gauche. A tué le soldat Losson. Que faut-il faire, monsieur ?

Le colonel John Anthony Deever effectua une sortie, et en guise d’accueil un flot de poussière jaillit à ses pieds.

— Arrêtez ! s’écria son subordonné immédiat. Ce n’est pas ainsi que je veux avoir mon avancement, colonel. Il est plus intraitable qu’un chien enragé.

— Fusillez-le donc comme tel s’il ne veut pas se soumettre, répliqua le colonel avec amertume. Et de mon régiment, avec cela ! Si c’était dans les Towheads[1], je comprendrais encore.

Le soldat Simmons s’était retranché dans une forte position, contre un puits situé au bord de l’esplanade, et il défiait tout le régiment d’approcher. Le régiment n’avait garde d’obtempérer : il y a peu d’honneur à se faire fusiller par un de ses camarades. Le seul caporal Slane, fusil au poing, se jeta sur le sol et se mit à ramper vers le puits.

— Ne tirez pas, dit-il aux hommes qui l’environ-

  1. Cerveaux-brûlés.