Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/106

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naient ; vous pourriez aussi bien m’atteindre. Je veux attraper le bougre vivant.

Simmons cessa un moment de brailler, et on entendit dans la plaine le roulement d’une charrette qui s’approchait. Le major Oldyne, commandant la batterie montée, revenait de dîner dans le monde civil : il conduisait à sa manière habituelle… c’est-à-dire qu’il poussait son cheval à toute allure.

— Un officier ! un s. n. d. D. d’officier à dorures ! s’égosilla Simmons. Je vais en faire un épouvantail, de cet officier-là !

La charrette stoppa.

— Qu’est-ce que c’est ? demanda le major d’artillerie. Vous, là-bas, déposez-moi ce fusil !

— Tiens, c’est Jerry Blazes[1] ! Je ne vous veux pas de mal, Jerry Blazes. Passez en ami, tout va bien !

Mais Jerry Blazes n’avait pas la moindre intention de se défiler devant un féroce meurtrier. Il ignorait la peur, comme le juraient avec un enthousiasme exubérant les hommes de sa batterie qui l’adoraient, et ils étaient assurément bons juges, car Jerry Blazes, c’était notoire, faisait de son mieux pour tuer son monde à chaque sortie de la batterie.

  1. Feu et flammes.