Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/107

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Il marcha sur Simmons dans l’intention de s’élancer sur lui et de le terrasser.

— Ne m’y forcez pas, monsieur, dit Simmons ; je n’ai rien contre vous… (Et comme le major prenait son élan :) Ah ! tu y tiens ? Attrape donc ça !

Le major tomba, une balle dans l’épaule, et Simmons se pencha sur lui. Il avait perdu la satisfaction de tuer Losson de la manière souhaitée ; mais il avait ici sous la main un corps sans défense. Mettrait-il en place une nouvelle cartouche, pour lui faire sauter la cervelle, ou bien broierait-il cette figure blanche à coups de crosse ? Il restait à réfléchir, cependant qu’une clameur s’élevait à l’autre bout de l’esplanade : « Il a tué Jerry Blazes ! » Mais abrité par les piliers du puits, Simmons était en sûreté, sauf quand il se découvrait pour faire feu.

— Je vais te casser ta noble tête, Jerry Blazes, méditait-il. Six et trois font neuf, et une dix. Ça m’en fait donc encore dix-neuf, et une pour moi.

Il fit sauter la ficelle de son second paquet de munitions. Sortant à quatre pattes de l’ombre d’un talus, le caporal Slane surgit dans le clair de lune.

— Je te vois ! dit Simmons. Viens un peu plus avant, et je te fais ton affaire.

— Je viens, dit laconiquement le caporal Slane. Tu as fait du mauvais ouvrage, Sim. Arrive ici et retourne avec moi…