Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/117

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— Ortheris, répondis-je sévèrement ; — car je devinais son intention, voulez-vous dire que…

— Je ne voulais toujours pas vous soutirer de l’argent, répliqua Ortheris. Je vous aurais vendu le chien bon marché ; seulement… seulement… je sais que Mulvaney aura besoin de prendre quelque chose après que nous l’aurons emmené un bout, et je n’ai pas le sou, ni lui non plus. Je préférerais vous vendre ce chien, monsieur. Pour sûr !

Une ombre s’allongea sur le pont, et Ortheris commença de s’élever en l’air, soulevé par une énorme poigne qui le tenait au collet.

— Tout mais pas de la galette, dit tranquillement Learoyd en tenant le Londonien par-dessus le fossé. Tout mais pas de la galette, Ortheris mon gars ! Moi, j’ai une roupie huit annas à moi.

Il exhiba les deux pièces, et replaça Ortheris sur le parapet du pont.

— Fort bien, dis-je, mais où comptez-vous aller ?

— Le faire marcher un bout quand il arrivera… deux ou trois milles ou plus, dit Ortheris.

Les pas s’arrêtèrent dans la véranda de la prison. J’entendis le coup sourd d’un sac tombant sur un bat-flanc, suivi d’un cliquetis d’armes. Dix minutes plus tard, Mulvaney, dans une tenue impeccable, les lèvres serrées et la mine sombre comme la