Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/128

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« Je leur donnai tout le temps voulu, mais ils ne bronchèrent pas et ils restèrent à un bout de la chambre à bougonner et à ricaner entre eux. Assez content de moi je pris mon képi et m’en allai à la cantine, où je m’enivrai fort indignement à ne plus tenir debout. Mais je gardais toute ma tête.

« — Houligan, que je dis à un homme de la compagnie E qui était en quelque sorte un ami pour moi, je suis plein de la ceinture en bas. Donne-moi l’appui de ton épaule pour conserver mon ordre de marche en traversant le terrain et mène-moi jusque dans les hautes herbes. Je vais cuver ça là-bas, que je lui dis.

« Et Houligan — il est mort à cette heure, mais de son vivant c’était un brave — marcha à mon côté, me remettant dans la bonne direction quand je m’en écartais. Nous arrivons enfin dans les hautes herbes, et, ma parole, le ciel et la terre roulaient positivement sous moi. J’allai à l’endroit où l’herbe était la plus épaisse, et j’y cuvai ma boisson avec une conscience tranquille. Ma réputation ayant été sans tache depuis une bonne moitié d’année, je ne tenais pas à figurer trop souvent sur le livre des punitions.

« Quand je me réveillai, l’ivresse achevait de se dissiper en moi, et je me sentais la bouche comme si une chatte avait fait ses petits dedans. De ce temps-