Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/171

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nigauds d’officiers qui s’y connaissent si bien en chevaux. Là jument est grosse d’un poulain ; le gris est un diable mal léché ; et le bai… mais vous connaissez le truc du piquet. Quand ils seront vendus je retourne à Pubbi, ou peut-être dans la vallée de Peshawer.

Ô ami de mon cœur, cela me fait du bien de vous revoir. Je n’ai cessé de faire des courbettes et de mentir du matin au soir aux sahibs officiers au sujet de ces chevaux ; et j’ai soif de parler franc. Euggrh ! Avant de manger, le tabac est bon. Je ne vous en offre pas, car nous ne sommes pas dans notre pays à nous. Mettez-vous dans la véranda, et je déploierai mon manteau ici. Mais d’abord je vais boire. Au nom de Dieu, je vous rends grâces, par trois fois ! Cette eau est douce, certes… douce comme l’eau de Sheoran quand elle provient des neiges.

Ils sont tous bien portants et satisfaits dans le Nord… Khoda Bakhsh et les autres. Yar Khan est revenu du Kurdistan avec les chevaux — trente-six têtes seulement, dont une bonne moitié de poneys de charge — et il a dit en public dans le caravansérail de Kashmir que vous autres Anglais devriez envoyer des canons et faire sauter l’Émir au diable. Il y a maintenant quinze péages sur la route de Caboul ; et à Dekka, quand il se croyait quitte, Yar Khan s’est vu dépouiller de tous ses