Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/195

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ser mourir, lasse et les pieds blessés, haletait dans le fourré de bambous, et surveillait avidement la maison de ses yeux maternels. Qu’allait faire de sa fille le tout-puissant percepteur-adjoint ? Est-ce que le petit homme en habit noir allait la manger toute vivante, comme Athon Dazé affirmait que c’était la coutume de tous les hommes en habit noir ?

Matui passa toute la longue nuit parmi les bambous, à attendre ; et, au matin, elle vit sortir une blonde femme blanche, telle que Matui n’en avait jamais vu, et entre ses bras était la fille de Matui revêtue de langes immaculés. Lotta connaissait à peine le langage des Buria Kol, mais quand une mère s’adresse à une autre mère, la conversation est aisée à suivre. À ces mains timidement tendues vers le bord de sa robe, à ces passionnés accents gutturaux et à ces yeux implorants, Lotta comprit qui elle avait devant elle. Donc Matui reprit son enfant… la servante, ou même l’esclave, de cette merveilleuse femme blanche, car sa propre tribu refuserait désormais de la reconnaître. Et Lotta pleura avec elle inépuisablement, à la manière allemande, qui exige qu’on se mouche beaucoup.

— D’abord l’enfant, puis la mère et enfin l’homme, et tous à la gloire de Dieu, dit Justus l’Espérant.

Et l’homme vint, avec un arc et des flèches, très