Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/218

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propriétaire. C’était bien fait ; mais quand le propriétaire vit ces choses, il se mit très en colère et maudit Ram Dass à la façon des mahométans.

Ainsi donc le propriétaire était en colère, mais Ram Dass en riait et réclamait encore des champs, comme il était écrit sur les reconnaissances. Cela se passait dans le mois de Phagun. Je pris mon cheval et m’en allai pour parler à l’homme qui fait des bracelets de laque sur la route qui mène à Montgomery, parce qu’il me devait quelque chose. Il y avait en avant de moi, sur son cheval, mon frère Ram Dass. Et quand il me vit il s’enfonça dans les hauts blés, parce qu’il y avait de la haine entre nous. Mais je continuai mon chemin. Les chauves-souris voletaient, et la vapeur du soir flottait à ras de terre. Arrivé au bois d’oranger voisin de la maison du propriétaire, je vis venir à moi quatre hommes, des fanfarons mahométans, aux visages masqués, qui arrêtèrent mon cheval par la bride en s’écriant : « C’est Ram Dass ! Frappe ! » Ils me battirent avec leurs lattes… de lourdes lattes renforcées de fil de fer par le bout, les armes qu’emploient ces porcs de pandjabis… jusqu’au moment où je leur demandai grâce et tombai sans connaissance. Mais ces impudents me battaient toujours, disant : « Ô Ram Dass, voici votre intérêt… bien pesé et compté dans votre main, Ram