Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/219

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Dass ! » Je criai bien haut que je n’étais pas Ram Dass, mais bien Durga Dass, son frère, ils ne m’en battirent que de plus belle, et quand je fus hors d’état de crier davantage, ils me laissèrent. Mais je vis leurs figures. Il y avait là Elahi Baksh, qui court, à côté du cheval blanc du propriétaire, et Nur Ali, le gardien de la porte, et Wajib Ali, le très robuste cuisinier, et Abdul Latif, le messager… tous de la maison du propriétaire. Ces choses, j’en pourrais jurer sur la Queue de la Vache sacrée si c’était nécessaire, mais… ahi ! ahi !… cela a déjà été juré, et je suis un pauvre homme perdu d’honneur.

Quand tous quatre se furent éloignés en riant, mon frère Ram Dass sortit des blés et pleura sur moi, me croyant mort. Mais j’ouvris les yeux, et le priai d’aller me chercher de l’eau. Quand j’eus bu, il me mit sur son dos, et par des chemins détournés me transporta dans la ville d’Isser Jang. En cette heure-là mon cœur inclina vers Ram Dass, mon frère, à cause de sa bonté, et je perdis mon inimitié.

Mais un serpent reste un serpent jusqu’au jour de sa mort ; et un menteur un menteur jusqu’au jour où le Jugement des dieux le saisit au talon. J’eus tort de me fier à mon frère… le fils de ma mère.

Quand nous fûmes arrivés à sa maison, et que je