Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/47

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quasi un hectare de terrain. Plus tard, quand le bruit des bouchons métalliques cliquetant contre les cols des bouteilles de bière se fut apaisé, la conversation dévia des combats de chiens pour passer aux combats humains de toutes sortes. Les humains ressemblent sur certains points au cerf. Tout récit de combat semble éveiller en leurs cœurs une sorte de démon, et ils brament l’un contre l’autre, exactement comme des dix-cors qui se défient. On constate ce fait même chez des hommes qui se considèrent comme supérieurs à de simples soldats de la ligne : cela démontre l’influence purificatrice de la civilisation et l’avance du progrès.

Un récit en appelait un autre, avec un nouvel accompagnement de bière. Les yeux rêveurs de Learoyd eux-mêmes semblèrent s’illuminer ; il accoucha d’une longue histoire dans laquelle une excursion à la crique de Malham, une fille de Pateley Briggs, un chef d’équipe, lui-même, et une paire de sabots, se mêlaient en un enchevêtrement argotique.

— C’est ainsi que je lui entaillai le crâne depuis le menton jusqu’aux cheveux, et qu’il dut s’aliter pour environ un mois, termina Learoyd pensif.

Mulvaney, qui était allongé sur le sol, parut sortir d’un rêve, et agita ses pieds en l’air.

— Tu es un homme, Learoyd, dit-il d’un ton de