Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/70

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serai sous silence, j’arrivai à mon vieux régiment avec la réputation de quelqu’un qui a des poings et des pieds. Mais, comme j’allais vous le dire tout à l’heure, je rencontrai de nouveau le Tyrone noir un jour où nous avions de lui un besoin tout à fait urgent. Dis-moi, Ortheris mon gars, comment donc s’appelait cet endroit où on a envoyé une compagnie des nôtres et une du Tyrone en haut d’une montagne et de nouveau dans la vallée, pour enseigner aux Pathans quelque chose qu’ils n’avaient encore jamais appris ? Cela se passait après Ghuzni.

— Je ne sais pas comment ces sacrés Pathans appelaient l’endroit. Mais nous l’appelions le théâtre Silver. Tu le sais bien, voyons !

— Le théâtre Silver… oui, c’est ça. Un défilé entre deux montagnes, noir comme une cuve et mince comme la taille d’une fille. Il y avait beaucoup trop de Pathans à notre convenance dans cette gorge, et pardieu, ils s’appelaient soi-disant la réserve — vu leur indiscrétion naturelle ! Je pense qu’en effet nos Écossais avec des flopées de Gourkas étaient en train de rosser quelques régiments pathans. Écossais et Gourkas sont frères, vu qu’ils sont tout pareils et qu’ils s’enivrent ensemble quand il plaît à Dieu. Comme je l’ai déjà dit, on avait envoyé une compagnie de notre Ancien et une du Tyrone pour faire le tour par la