Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/71

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montagne et nettoyer la réserve pathane. Comme les officiers étaient rares dans ce temps-là, aussi bien à cause de la dysenterie que parce qu’ils ne se ménageaient pas, on nous avait donné un seul officier pour la compagnie ; mais c’était un bougre qui avait ses jambes d’aplomb et toutes ses dents dans leurs alvéoles.

— Qui était-ce ? demandai-je.

— Le capitaine O’Neil… le vieux Croque… Cruikna-bullenn… celui dont je vous ai raconté cette histoire quand il était à Burma[1]. Ah ! c’était un bougre ! Les Tyrone n’avaient qu’un petit gamin d’officier, mais c’était un rude bout d’homme quand il commandait, comme je vais vous le montrer bientôt. Notre compagnie et la leur arrivèrent sur la crête de la montagne, une de chaque côté de la gorge, et il y avait cette indiscrète réserve qui attendait là-bas dessous comme des rats dans une fosse.

« — Halte, garçons, que dit Croque, qui prenait toujours de nous un soin maternel. Faites rouler sur eux quelques rochers en guise de cartes de visite.

« Nous n’avions pas fait rouler plus de vingt

  1. Or le plus grand ennemi de Boh Da Thone
    Était le capitaine O’Neil du Tyrone noir.

    La chanson de Boh Da Thone.
    (Note de l’auteur.)