Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/76

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de bras, avec double torsion si on peut, et ramenée lentement.

— Zut pour la baïonnette, dit Learoyd, qui avait écouté attentivement. Regardez par ici !

Il empoigna un fusil deux centimètres plus bas que la mire d’avant, en le prenant par en dessous, et s’en servit exactement comme on ferait d’un poignard.

— Voyez-vous, dit-il doucement, ça vaut mieux que n’importe quoi, car avec ça on peut aplatir la figure au type, ou bien encore lui casser le bras droit. Ça n’est pas dans les livres, comme juste. Pour moi il n’y a que la crosse.

— Chacun fait à sa mode, c’est comme pour être amoureux, dit tranquillement Mulvaney : crosse, baïonnette ou balle, selon le tempérament de chacun. Eh bien ! comme je vous disais, nous restions là, à nous souffler réciproquement dans la figure et à jurer abondamment. Ortheris maudit la mère qui l’a porté parce qu’il n’était pas de dix centimètres plus grand ; puis il dit :

« — Baisse-toi, gourde, que je puisse en attraper un par-dessus ton épaule.

— Tu vas me broyer le crâne, que je dis, en écartant mon bras ; vas-y plutôt par-dessous mon aisselle, petit sagouin sanguinaire, que je dis, mais ne m’atteins pas ou je t’arrache les oreilles.