Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/77

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— Qu’est-ce que tu lui as servi, au Pathan qui était en face de moi, celui qui profitait pour me taillader de ce que je ne pouvais remuer ni bras ni jambe. C’était-il froid ou chaud ?

— Froid, répondit Ortheris, en haut et au défaut des côtes. Il est tombé à plat. Ça valait mieux pour toi.

— Vrai, mon fils ! Ce coincement dont je parle dura cinq bonnes minutes, et puis nous eûmes les bras libres et nous rentrâmes dedans. Je ne me souviens plus au juste de ce que je fis, mais je ne voulais pas laisser Dinah Shadd veuve au dépôt. Alors, après avoir un peu taillé dans le tas, nous nous arrêtâmes de nouveau. Par derrière, les Tyrone nous traitaient de chiens, de capons et de toutes sortes de noms : nous leur barrions le passage.

« — Qu’est-ce qui leur prend, aux Tyrone ? que je me demande ; ils ont ici de quoi s’offrir un combat des plus honnêtes.

« Mon voisin de derrière me dit tout bas, d’un ton suppliant :

« — Laisse-moi taper sur eux ! Pour l’amour de Marie, fais-moi place à côté de toi, mon grand !

« — Qu’est-ce qui te prend que tu aies si fort envie de te faire tuer ? que je lui dis, sans tourner la tête, car les longs couteaux s’agitaient en face