Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« — Chaque chose en son temps, que je dis ; je vais d’abord boire un coup.

« À ce moment précis survient Croque, pâle et livide aux endroits où il n’était pas rouge.

« — De l’eau ! qu’il dit ; je suis mort de soif ! Ah ! en voilà une fameuse journée !

« Il vous boit la moitié d’une outre, et le reste il se le verse sur la poitrine : l’eau siffla positivement sur sa peau velue. Il avise le petit gamin d’officier que maintenait le sergent et demande :

« — Qu’est-ce que c’est que ça ?

« — De la mutinerie, monsieur, que répond le sergent.

« Et le petit officier commence à implorer tristement Croque de le laisser aller ; mais du diable si Croque aurait bronché.

« — Gardez-le là, qu’il dit ; ce n’est pas aujourd’hui de la besogne pour enfants. À propos, qu’il dit, je vous confisque ce joli vaporisateur nickelé que vous avez là, car le mien commence à vomir ignoblement.

« Il avait le pli du pouce tout noirci par le crachement de l’engin. Il prit donc le revolver du petit officier… Vous avez beau me regarder, monsieur, mais, ma parole, « il s’en passe beaucoup plus sur le champ de bataille qu’on n’en met dans les manuels de campagne ! »