Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/83

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aussi je fourre le gosse sous mon bras et je le porte à Croque qui regardait comment allait le combat. Croque tire les oreilles au petit à le faire crier, et puis il reste un moment sans rien dire.

« Les Pathans, mal à leur aise, commencèrent à flancher, et nos hommes rugirent.

« — Déployez-vous ! Chargez ! que dit Croque. Souffle, petit, souffle pour l’honneur de l’armée britannique !

« Ce gamin-là souffla comme un ouragan, et nous nous déployâmes, les Tyrone et nous, tandis que les Pathans lâchaient pied. Mais ce qui venait de se passer n’était pour eux qu’embrassades et mamours en comparaison de ce qui les attendait. Quand les ennemis cédèrent, ils se trouvaient refoulés dans une portion élargie de la gorge, et après nous être déployés ce fut un vrai bal que de descendre la vallée en les poussant devant nous. Oh ! c’était charmant, et de tout repos ! Sur les flancs de ce qui restait de nous, les sergents maintenaient le contact et les salves couraient d’un flanc à l’autre et les Pathans tombaient. Nous nous étions déployés sur toute la largeur de la vallée, et quand elle se rétrécit nous nous refermâmes comme les branches d’un éventail de dame, et lorsque, tout au bout de la gorge, ils tentèrent de résister, nous les fauchâmes littéralement, car avec ce travail au