Page:Kipling - Trois Troupiers et autres histoires, trad. Varlet, 1926.djvu/87

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se parlant à lui-même d’une voix pâteuse et somnolente.

« — Saignez ce petit louveteau ! qu’il dit ; saignez ce petit louveteau !

« Et là-dessus il jette ses bras en l’air, pirouette sur lui-même et s’abat à nos pieds, mort comme un Pathan.

Il ne portait aucune trace de blessure. Il avait le cœur en mauvais état, paraît-il ; mais quand même, c’était drôle à voir.

« Puis nous nous occupons d’enterrer nos morts, car nous ne voulions pas les abandonner aux Pathans, et en marchant au milieu des païens nous faillîmes perdre ce petit officier. Il s’apprêtait à donner à boire à un de ces démons et à l’installer commodément contre un rocher.

« — Prenez garde, monsieur, que je lui dis : un Pathan blessé est pire qu’un bien portant.

« Ma parole, je n’avais pas fini ma phrase que l’homme étendu à terre ajuste le petit officier penché sur lui, et je vis voler le casque. J’abattis ma crosse sur la figure de l’homme et lui pris son pistolet. Le petit gamin d’officier devint tout pâle : il avait le poil grillé sur la moitié de la tête.

« — Je vous avais prévenu, monsieur ! que je lui dis.

« Après ça, lorsqu’il voulait en secourir un, je tenais le canon appliqué sur l’oreille du Pathan.