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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/147

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le chien d’or

Elle lui jeta ses bras autour du cou, par un élan involontaire ; elle était fort troublée.

— Heureuse ! Oh ! oui, mon frère, je le suis… parce que cela vous fait tant de plaisir !

— Rien que pour cela, Amélie ? ça ne vaut guère la peine.

— Ô mon frère ! je suis heureuse d’être heureuse ! jamais nous ne serons capables de payer à Pierre Philibert la dette de reconnaissance que nous avons contractée.

— Chère petite sœur, fit-il, en l’embrassant, je savais que ma nouvelle te serait agréable. Viens, descendons, Pierre est en bas.

— Le Gardeur, dit-elle. — Elle rougit et hésita — je pourrais parler à ce Pierre Philibert, que j’ai connu autrefois… mais le reconnaîtrai-je dans le vaillant soldat d’aujourd’hui ? « Voilà la différence ! » ajouta-t-elle, en répétant ce premier vers du refrain d’une chanson bien populaire alors dans les deux Frances.

Le Gardeur ne comprenait pas son hésitation.

— Pierre a bien changé, dit-il, depuis le temps où nous portions tous deux la ceinture verte du séminaire. Il est plus grand que moi ; il est plus sage et meilleur. Il l’a toujours été. Mais il a le même cœur noble et généreux qu’il avait quand il était jeune. « Voilà la ressemblance ! » continua-t-il, en tirant malicieusement la chevelure bouclée de sa sœur.

Amélie ne répondit pas, mais lui pressa la main, en le regardant avec douceur. Le chevalier de La Corne, madame de Tilly et le colonel Philibert causaient toujours avec animation.

— Viens, dit-elle, nous allons descendre maintenant. Et joignant l’action à la parole, comme toujours, elle lui prit le bras, descendit le grand escalier et entra dans le salon.

II.

Philibert se leva à l’aspect de cette beauté qui lui apparaissait soudain. C’était bien cette femme gracieuse, cette ravissante créature qu’il avait évoquée