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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/148

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le chien d’or

dans ses rêves d’amour, pendant ses longues années d’absence, loin de la terre natale !… Elle gardait encore quelque chose de l’enfant charmante qui, les cheveux au vent, courait comme une nymphe dans les bois ombreux de Tilly. Mais quand il comparait la vive et légère jeune fille de ses souvenirs, avec cette grande et superbe femme demi rougissante qu’il voyait devant lui, il doutait, malgré les élans de son cœur, que ce fut elle, son idole, sa bien aimée Amélie.

Le Gardeur le tira d’embarras. Il lui dit d’un air joyeux :

— Pierre Philibert, je te présente une jeune amie d’autrefois, ma sœur.

Philibert s’avança. Amélie fixa un instant sur lui ses beaux grands yeux noirs, et ne l’oublia plus jamais. Elle lui tendit la main avec grâce et franchise. Il s’inclina comme il eut fait devant la sainte Madone.

Les félicitations de madame de Tilly et de La Corne St. Luc, avaient été bien cordiales, affectueuses même.

L’excellente dame avait embrassé Pierre, comme elle eut embrassé un fils, après une longue absence.

— Le colonel Philibert, dit Amélie, et elle faisait un effort prodigieux pour paraître calme, le colonel Philibert est le bienvenu. Son souvenir ne nous avait pas quittés.

Elle regarda sa tante qui sourit et l’assura que c’était vrai.

— Merci ! mademoiselle de Repentigny, répondit le colonel, je vous avoue que je suis bien fier d’apprendre que l’on se souvient de moi ici. C’était l’une de mes espérances les plus caressées : vous la comblez : je suis heureux d’être revenu…

— Allons ! Allons ! Pierre, interrompit de La Corne St Luc, qui s’intéressait à cette petite scène intime, « Bon sang ne ment jamais… » Regarde Amélie : des épaulettes de colonel ! j’ai l’œil perçant, moi, surtout quand je regarde ma jolie filleule ; cependant,