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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/203

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le chien d’or

se déclare contre Versailles. Il y a quelque chose dans l’air… La machine se détraque… Il doit y avoir une femme au fond de l’affaire. Mais, écoutons, il continue.

VIII.

L’Intendant, après avoir examiné certains papiers, se mit à parler des ressources de la colonie, du nombre d’hommes en état de porter les armes, des munitions et du matériel de guerre qui se trouvaient dans les magasins, et de la force relative des diverses provinces. Il maniait les chiffres comme un jongleur indien, les billes. Il en arriva à la conclusion que la colonie, laissée à ses propres ressources, pouvait lutter pendant deux ans encore contre l’Angleterre.

Ses paroles produisirent une excellente impression, et quand il s’assit, ses adversaires mêmes avouèrent qu’il avait parlé comme un administrateur habile et un vrai Français.

Cadet et Varin donnèrent à leur chef la plus chaude adhésion. Quelque pervers qu’ils fussent, dans la vie privée comme dans la vie publique, ils ne manquaient ni de clairvoyance ni de courage. Ils volaient leur pays, mais se tenaient prêts à le défendre contre l’ennemi.

IX.

D’autres parlèrent à leur tour. Des hommes dont les noms étaient bien connus déjà ou devaient l’être plus tard : De La Corne St. Luc, Céleron de Bienville, le colonel Philibert, le chevalier de Beaujeu, les Devilliers, le Gardeur de St. Pierre et de Léry.

Tous approuvèrent le gouverneur et l’Intendant ; tous furent d’accord sur la nécessité de fortifier Québec et de garder sérieusement la frontière. En effet, le traité d’Aix-la-Chapelle pouvait être conclu d’un moment à l’autre, — comme il le fut en effet, — aux conditions de l’Uti possidetis, et en prévision de