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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/204

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LE CHIEN D’OR

ces conditions possibles, la Nouvelle-France devait veiller d’un œil jaloux sur tout son territoire.

Les délibérations du conseil furent longues et animées. Il fallut examiner attentivement et discuter les rapports des commandants postés sur la frontière, les plans de défense, d’attaque et de conquête, les forces et les desseins de l’ennemi. Quelques descendants des partisans de Cromwell, venus en Amérique, républicains intraitables qui détestaient l’Angleterre, et la trahissaient pour leur propre compte, échangeaient depuis longtemps avec les gouverneurs de la Nouvelle-France, des correspondances secrètes, au sujet de ces forces et de ces desseins.

Les lampes avaient brûlé longtemps, et la nuit était avancée lorsque la séance finit. La plupart des officiers acceptèrent un réveillon avant de se retirer dans leurs quartiers. Bigot et ses amis refusèrent. Ils prirent congé et se rendirent au palais, où les attendaient un dîner plus somptueux et des convives plus gais.

X.

Le vin coula avec abondance à la table de l’Intendant. Les souvenirs irritants revinrent en foule à la mémoire des buveurs, et Bigot se laissant tout à coup emporter par la colère, s’écria :

— Que le Chien d’Or et son maître aillent au diable tous les deux ! Philibert paiera de sa vie l’outrage qu’il m’a fait aujourd’hui, ou je veux mourir !…

Vois-tu, Cadet, continuait-il en regardant le parement de son habit, il y a encore ici une tache de boue ! Une belle médaille pour porter à un conseil de guerre !…

— Un conseil de guerre ! riposta Cadet en déposant sa coupe qu’il avait vidée jusqu’au fond. J’aimerais mieux affronter de nouveau cette émeute ! j’aimerais mieux ramer sur les galères de Marseille, que d’être ainsi questionné par un charlatan d’herboriseur comme La Galissonnière ! Quel impertinent ! quelles vilaines questions ne m’a-t-il pas faites au sujet des