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LE CHIEN D’OR

purifié l’atmosphère. Tout frémissait d’aise et de vie maintenant dans les chauds reflets du soleil. Le gazon était plus vert et les fleurs versaient des arômes plus doux…-

II.

Le parc de Belmont s’étendait jusqu’à Sillery avec ses tapis de fleurs sauvages que la charrue ne déracinait jamais, et ses bois superbes respectés de la cognée du bûcheron. Les fougères nouaient leurs dentelles fines et capricieuses comme des voiles de fées, dans les clairières sombres où descendaient à peine quelques faisceaux de lumière. Dans les baisseurs, au milieu des arbrisseaux, étincelaient les calices roses de la Linnée boréale et les feuilles étroites de la Kalmie, ainsi appelée, ce jour-là, pour la première fois, par La Galissonnière en l’honneur de Herr Kalm, son ami. Au bord des sentiers, avec leurs fleurs blanches, rouges et pourpres, s’enchaînaient les archis, les campanules, les convolvulus, et toutes ces plantes exubérantes dont les fleurs s’épanouissent en guirlandes pour former des couronnes aux jeunes gens qui viennent danser sur la pelouse au clair de la lune.

III.

Une foule joyeuse s’était répandue dans le parc ce jour-là, se promenant sur le tuf rouge des allées ou se prélassant sur le gazon soyeux des pelouses. Elle venait fêter Pierre Philibert, de retour de la campagne d’Acadie. Jamais tant de galanterie et de gaieté, tant d’esprit et de grâces, tant de politesse et de courtoisie n’avaient brillé à la fois, sous les rameaux séculaires des chênes de Belmont ; c’est que la réunion était toute française.

Les communications avec la mère patrie n’étaient pas faciles, car la flotte anglaise croisait dans le golfe. Le Fleur de lys avait réussi à tromper la vigilance de l’ennemi, cependant, et le vaillant capitaine de La Martinière s’était rendu immensément