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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/371

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LE CHIEN D’OR

nouvelles et de nouvelles littératures, qui sont venus jusqu’à nous côte à côte, comme deux rivaux ou deux amis ! De là partent ces deux courants qui s’uniront dans l’avenir pour ne former qu’une grande littérature, la littérature canadienne !

IX.

Le bourgeois Philibert avait exporté en Chine une énorme quantité de ginseng, — que le royaume des fleurs payait au poids de l’or, ou avec son inestimable thé ; et madame de Tilly fut l’une des premières dames qui osa servir à ses hôtes la délicieuse boisson orientale.

Kalm ne trouvait rien de comparable au thé. Il l’étudiait sous tous les rapports et le buvait de toutes les façons.

— Quand la tasse de thé aura remplacé la coupe de vin, disait-il ; quand le genre humain ne boira plus que de cette infusion de la plante chinoise, il deviendra doux et pur. Le thé le délivrera des pernicieux produits de l’alambic et du pressoir. La vie de l’homme deviendra plus longue et mieux remplie. Ce sera la réalisation de la troisième béatitude, s’écriait-il, et « les pacifiques auront la terre en héritage ! »

À quoi la Chine doit-elle ses quatre mille ans d’existence ? demanda-t-il à La Galissonnière.

— À sa momification ! repartit le comte qui ne savait pas trop ce qu’il devait répondre et qui, dans tous les cas, voulait se dérider un peu.

— Pas du tout ! riposta Kalm, sérieusement. C’est à l’usage du thé ! C’est le thé qui a sauvé le Chinois !

Le thé assouplit les nerfs, purifie le sang, chasse les vapeurs du cerveau, et ranime les fonctions vitales. Donc, il prolonge l’existence de l’homme ! donc il prolonge la vie des nations ! donc il a valu à la Chine ses quatre mille ans de durée ! Et le peuple chinois lui doit d’être le plus ancien peuple de la terre.