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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/372

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LE CHIEN D’OR

X.

Herr Kahn était un enthousiaste partisan du thé. Il le prenait très fort pour surexciter la dépression de ses facultés mentales ; il le prenait faible pour calmer l’excitation.

Il produit les effets les plus contraires ! s’écriait-il. C’est, disait-il, comme si je mêlais ensemble Bohée & Hyson, pour me procurer l’inspiration convenable à la composition de mes livres scientifiques et de mes récits de voyage ! Inspiré par Hyson, je tenterais la composition d’un poème comme l’Iliade ; sous l’influence de Bohée, j’entreprendrais d’établir la quadrature du cercle, de trouver le mouvement perpétuel et même de réformer la philosophie allemande !

Le professeur était d’une humeur charmante, et gambadait gracieusement à travers les champs fleuris de la littérature, comme un fougueux coursier de la Finlande, n’ayant pour fardeau que le bagage scientifique d’une douzaine d’écoliers en vacance.

Madame de Tilly versa une nouvelle tasse de la liqueur qui mettait ainsi en verve le grave Suédois.

— Il est heureux, dit-elle, que nous puissions échanger contre le thé, notre inutile ginseng.

C’était une autre porte ouverte aux observations du savant.

XI.

— Je regrette, reprit-il, qu’on ne le prépare pas avec plus de soin et de manière à satisfaire le goût de ces fastidieux Chinois. Ce commerce du ginseng ne durera pas longtemps.

— C’est vrai, approuva le gouverneur ; mais nos sauvages qui le recueillent sont de mauvais travailleurs. C’est dommage, ce serait une source de richesses pour la colonie…

Combien avez-vous fait, Philibert, avec le ginseng, l’année dernière ?

— Je ne sais pas au juste, Excellence, mais le demi-