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Page:Kirby - Le chien d'or, tome I, trad LeMay, 1884.djvu/373

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LE CHIEN D’OR

million que j’ai donné pour aider à la défense de l’Acadie provenait de la vente de ce produit à la Chine.

— Je le savais, repartit le gouverneur, en tendant la main au bourgeois, et je vous remercie au nom de la France, de votre admirable générosité

Que Dieu vous bénisse pour ce grand acte de patriotisme !

Sans vous la Nouvelle-France était perdue.

Il n’y avait plus d’argent dans le trésor, continua-t-il, en regardant Kalm, et la ruine était imminente, lorsque le noble marchand du Chien d’Or se chargea de nourrir, de vêtir, et de payer les troupes du roi. C’était deux mois avant la reprise de Grand-Pré sur l’ennemi.

— Il n’y a rien en cela que de fort naturel, répondit le bourgeois qui haïssait les compliments. Si ceux qui ont des richesses ne donnent pas, comment pourriez vous recevoir de ceux qui n’en ont pas ? Et puis, je devais faire quelque chose pour Pierre… Vous savez, Excellence, qu’il était en Acadie, alors ?

Un souffle d’orgueil paternel passait sur la figure d’ordinaire si impassible du noble vieillard.

XII.

Le Gardeur jeta un regard à sa sœur. Elle le comprit. Ce loyal citoyen, semblait-il lui dire, est digne d’être pour vous un second père ! Et elle rougit légèrement, tout en demeurant silencieuse. Il n’y avait point de paroles pour la musique qui ravissait son âme. Mais il arriverait un jour où, pour elle, toutes ces suaves harmonies rempliraient l’univers.

Le gouverneur qui savait un peu et devinait beaucoup ce qui se passait dans les cœurs de ses jeunes amis, reprit en plaisantant :

— Les Iroquois n’oseront jamais approcher de Tilly quand ils sauront que la garnison se compose de Pierre Philibert et de Le Gardeur, avec madame de Tilly pour commandant et mademoiselle Amélie pour aide-de-camp !