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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/251

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le chien d’or

— Mauvaise nouvelle pour elle… pour madame de Tilly… pour nous tous ! dit La Force dans un gémissement. Mais d’autres vont venir qui diront tout… Préparez mademoiselle Amélie à la plus amère des épreuves… Je me sauve !…

Et il partit au galop.

VIII.

Les jeunes filles, pâles de terreur, se regardèrent anxieusement, en se demandant ce que signifiaient ces paroles étranges.

Amélie et Héloïse avaient saisi quelques mots. Elles s’élancèrent vers le balcon.

Au même instant, deux servantes montaient, la bouche béante, les yeux hagards, et terriblement excitées. Elles n’attendirent pas les questions, mais sans précautions, brusquement, comme c’est la coutume de ces personnes-là, elles jetèrent la terrible nouvelle au milieu du groupe inquiet

— Le Gardeur vient de tuer le bourgeois Philibert, sur la place du marché !… Il est mort, lui aussi, ou prisonnier. Il paraît qu’ils vont brûler la Friponne, pendre l’Intendant sous l’enseigne du chien d’or et détruire toute la ville !…

Heureuses de n’avoir pas été devancées, les deux servantes se précipitèrent dans les escaliers et coururent semer l’épouvante dans toute la maison.

IX.

Hortense et Agathe avaient vainement essayé d’empêcher Amélie d’arriver au balcon ; elles n’avaient pu l’empêcher d’entendre les indiscrètes servantes.

Amélie aperçut l’épouvantable vérité comme à la lueur d’un éclair sinistre ; elle fut foudroyée comme par un éclat de tonnerre.

En une seconde, elle contempla sa ruine profonde ! En une seconde, elle vit son frère devenu un assassin ! le cadavre du bourgeois gisant sur la place publique ! Pierre ! son amour et son orgueil, perdu à jamais !