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Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/252

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le chien d’or

Il y avait du sang entre elle et lui, maintenant ! du sang et la malédiction d’un mourant !…

Un instant, elle regarda ses compagnes émues, et ses yeux grands ouverts semblaient voir des choses invisibles. Une atroce souffrance se peignait sur sa figure ; elle semblait implorer un secours que nul sur la terre ne pouvait plus apporter.

Elle ne dit pas une parole, poussa tout à coup un sanglot amer et tomba dans les bras d’Héloïse de Lotbinière.

Elle s’était évanouie.

Ses jeunes compagnes l’inondaient de pleurs en la déposant sur sa couche, car son sommeil était comme la mort, et sa félicité venait d’entrer dans un éternel tombeau.

X.

En l’absence de madame de Tilly, Marguerite de Repentigny donna les ordres nécessaires aux serviteurs, et défendit de recevoir.

Madame Couillard et madame de Grand’maison ne furent pas longtemps avant de se présenter à la porte.

La curiosité les poussait, les pressait. Elles durent s’en retourner aussitôt, scandalisées de ce qu’il n’y avait pas d’exception en leur faveur.

XI.

Après un long évanouissement, Amélie ouvrit les yeux et fixa, toute étonnée, ses fidèles compagnes.

Elle cherchait à se souvenir.

Agathe n’avait pas pensé à ôter la couronne de fleurs d’oranger qu’elle avait mise sur sa tête tout à l’heure, dans un moment de folle gaieté, pour faire rire ses amies. Amélie aperçut cette couronne de mariée et le voile nuptial, et la conscience de ce qui se passait lui revint soudain.

Elle revit les mains sanglantes de son frère, et le cadavre du bourgeois ;… et elle porta vivement la