Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/205

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énergie à contourner le coin de rue passé lequel il pourra s’affaler sans anxiété. Dans certains quartiers, il a le droit de sonner aux portes, quartiers où les appartements sont d’un loyer moins élevé qu’ailleurs ; chaque famille tourne du reste la difficulté en établissant entre ses membres un code secret de sonneries, grâce auquel on peut savoir si l’appel est digne de foi ou s’il ne l’est pas. On fait bien d’être au courant de ce code si l’on visite ce genre de maison tard dans la soirée, car en persistant à sonner on risque de recevoir un baquet d’eau sur la tête.

L’étudiant allemand jouit aussi du privilège de pouvoir éteindre la nuit les becs de gaz ; mais on ne le voit pas d’un bon œil en éteindre un trop grand nombre. L’étudiant amateur de farces tient une comptabilité : il se contente d’une demi-douzaine de becs par nuit. Il a, à part cela, le droit de crier et de chanter dans la rue, en rentrant chez lui, et cela jusqu’à deux heures trente inclusivement. Dans certains restaurants, on lui permet de passer son bras autour de la taille de la Fraülein. Pour empêcher toute velléité de libertinage, les servantes des restaurants fréquentés par les étudiants sont toujours soigneusement choisies parmi des femmes mûres et calmes, grâce à quoi l’étudiant allemand peut jouir des délices du flirt sans peur et sans reproche.

Ils respectent tous la loi, les citoyens allemands.