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Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/207

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verdure ; il traverse des prairies peuplées de troupeaux dont les bergers, nu-pieds et nu-tête, ont les hanches serrées étroitement par une corde et tiennent une houlette à la main. Le fleuve passe ensuite au milieu de forêts rocheuses entre des murs de rocs abrupts, dont chaque pointe est couronnée d’une forteresse en ruines, d’une église ou d’un château. On y jouit en même temps d’une vue sur les montagnes des Vosges où la moitié de la population se froisse si vous lui adressez la parole en français, tandis que l’autre se considère comme insultée si vous lui parlez en allemand ; mais les deux manifestent une même indignation et un égal mépris à l’audition du premier mot d’anglais ; situation qui rend la conversation quelque peu énervante et fatigante.


Nous n’avons pu suivre notre programme à la lettre par la raison que les humains, même animés des meilleures intentions, ne parviennent pas toujours à mener à bonne fin leurs projets. Il est facile de dire à trois heures de l’après-midi avec conviction :

— Nous nous lèverons à cinq heures ; nous ferons un léger déjeuner à la demie et partirons à six heures.

— Nous aurons ainsi fait la plus grande partie de notre chemin avant la grande chaleur, remarque quelqu’un.