Page:Klapka - Trois Hommes en Allemagne, traduction Seligmann, 1922.djvu/24

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maître et moi l’employé. Je n’ai plus qu’un enfant à ma charge, grâce à Dieu, et sans aucun doute vos exécuteurs comprendront leur devoir vis-à-vis de ma vieille. Son ton solennel m’impressionna.

— Monsieur Goyles, soyez franc. Y a-t-il un espoir quelconque de quitter ce trou maudit par un temps quelconque ?

Le capitaine Goyles me répondit gentiment :

— Voyez-vous, monsieur, cette côte est très particulière. Une fois loin d’elle tout irait bien, mais s’en détacher sur une coquille de noix comme celle-ci, eh bien, pour être franc, monsieur, ce serait dur.

Je le quittai avec l’assurance qu’il surveillerait le temps comme une mère veille sur le sommeil de son enfant. Ce fut sa propre comparaison, je le revis à midi, il surveillait le temps, de la fenêtre du Chaîne et Ancre.

À cinq heures, ce jour-là, un heureux hasard nous fit rencontrer dans High street deux yachtmen de mes amis. Par suite d’une avarie au gouvernail, ils avaient dû atterrir. Je leur racontai mon histoire. Ils en semblèrent moins surpris qu’amusés. Le capitaine Goyles et les deux hommes surveillaient toujours le temps. Je courus à l’hôtel et mis Ethelbertha au courant. Tous quatre, nous nous faufilâmes jusqu’au quai, où nous trouvâmes notre bateau amarré. Seul le mousse était à bord. Mes deux amis se chargèrent du yacht et vers six heures nous filions joyeusement le long de la côte.