Page:Klaproth - Fragmens bouddhiques, 1831.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 24 )

À quoi bon offrir au peuple le nectar de la doctrine spirituelle, puisque l’instruction ne lui manque nulle part ? Il n’a pas d’oreilles pour l’entendre et il est inutile de la lui développer. » Par conséquent, il se retira de rechef dans la solitude dans le pays d’Archi, où il resta pendant quarante-neuf jours et nuits pour obtenir un Dyan. Ayant atteint ce but, Esroun tègri[1] se rendit chez lui, portant dans la main une roue d’or à mille rayons, symbole de la domination spirituelle, en disant au Bourkhan : « Tu n’es vraisemblablement pas devenu Bouddha pour ton propre bonheur, mais pour celui de toutes les créatures du monde ; daigne donc poursuivre l’œuvre de répandre la doctrine. » Mais le Bourkhan n’agréa pas cette invitation. Les Mahâ râdja tègri[2] tenant dans les mains les Naïman takil[3], vinrent alors et lui di-

  1. Le mot mongol [texte mongol] Dyan, est dérivé du sanscrit ध्यान​ D’hyâna, qui désigne la plus profonde méditation sur les objets abstraits de la philosophie religieuse, par laquelle en parvient au plus haut degré de sagesse et de vertu. — Kl. Esroun tègri est le Brahma des Hindous, tubétain ཚདས་པ་ Tsœdhba, en chinois Fan. — Kl.
  2. Les quatre Mahâ radja tègri ou grands rois des esprits sont les gardiens des quatre régions du monde. — Kl.
  3. Naïman takil, ou les huit sacrifices, est la dénomination mongole des huit Vitarâga ou emblèmes des neuf Bodhisatwa, desquels il a été question dans le Nouveau Journal asiatique, tom. VII, pag. 114, note 1. Leurs noms et leur ordre en mongol sont :

    1. Dzighasoun (Dzâsoun), les poissons.
    2. Dôung ou Doungar, la conque marine.
    3. Œldzaitou tsoun, une figure de lignes entrelacées à la grecque.
    4. Badma, le lotus.