À quoi bon offrir au peuple le nectar de la doctrine spirituelle, puisque l’instruction ne lui manque nulle part ? Il n’a pas d’oreilles pour l’entendre et il est inutile de la lui développer. » Par conséquent, il se retira de rechef dans la solitude dans le pays d’Archi, où il resta pendant quarante-neuf jours et nuits pour obtenir un Dyan. Ayant atteint ce but, Esroun tègri[1] se rendit chez lui, portant dans la main une roue d’or à mille rayons, symbole de la domination spirituelle, en disant au Bourkhan : « Tu n’es vraisemblablement pas devenu Bouddha pour ton propre bonheur, mais pour celui de toutes les créatures du monde ; daigne donc poursuivre l’œuvre de répandre la doctrine. » Mais le Bourkhan n’agréa pas cette invitation. Les Mahâ râdja tègri[2] tenant dans les mains les Naïman takil[3], vinrent alors et lui di-
- ↑ Le mot mongol [texte mongol] Dyan, est dérivé du sanscrit ध्यान D’hyâna, qui désigne la plus profonde méditation sur les objets abstraits de la philosophie religieuse, par laquelle en parvient au plus haut degré de sagesse et de vertu. — Kl. Esroun tègri est le Brahma des Hindous, tubétain ཚདས་པ་ Tsœdhba, en chinois 梵 Fan. — Kl.
- ↑ Les quatre Mahâ radja tègri ou grands rois des esprits sont les gardiens des quatre régions du monde. — Kl.
- ↑ Naïman takil, ou les huit sacrifices, est la dénomination mongole des huit Vitarâga ou emblèmes des neuf Bodhisatwa, desquels il a été question dans le Nouveau Journal asiatique, tom. VII, pag. 114, note 1. Leurs noms et leur ordre en mongol sont :
1. Dzighasoun (Dzâsoun), les poissons.
2. Dôung ou Doungar, la conque marine.
3. Œldzaitou tsoun, une figure de lignes entrelacées à la grecque.
4. Badma, le lotus.