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l’adoration. Quoique ton corps se soit fendu en mille morceaux, ils deviendront, par ma bénédiction, mille mains qui représenteront les mille monarques, du monde. Dans les paumes de tes mille mains se formeront, par ma bénédiction, mille yeux qui représenteront les mille Bouddhas d’un âge complet du monde (Galab, en sanscrit Kalpa), et qui te rendront l’objet le plus digne d’adoration. »

Cette légende nous explique, non-seulement l’extrême importance que les Bouddhistes du Tubet et de l’Asie centrale attachent à la formule Om maṇi padme hoûm, mais elle nous démontre aussi que son véritable sens est celui que j’ai donné plus haut ; Oh ! le joyau (est) dans le lotus ; amen ! Il est évident qu’elle se rapporte à Avalokites’vara ou Djian raï ziïgh lui-même, qui naquit dans une fleur de lotus. Toutes les autres explications semblent donc futiles, parce qu’elles ne sont que mystiques et nullement basées sur le sens des mots sanscrits qui composent la formule.

Finalement, je dois remarquer que, si la phrase Om maṇi padme hoûm se retrouve dans l’Inde, elle pourrait bien avoir pris son origine parmi les sectateurs de Śiva ; car on sait que maṇi est aussi un des noms les plus usités du lingam, et padma ou le lotus est le symbole du yôni. Dans l’Inde, cette formule signifie-

    en tubétain གཏོང་བཅུ་གཅིག་ Tong djou djigh (le dieu) à onze visages. — Kl.