Page:Klaproth - Tableaux historiques de l'Asie, 1826.djvu/99

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ces pays en Europe. II n'y a plus de doute que les Sères des anciens ne soient les Chinois. D'après les auteurs grecs, le mot orip désigne et le ver à soie et les habitants de la Sérigue ou les Sères ; or ce fait démontre que le nom de ces derniers leur venait de la marchandise précieuse que les peuples de l'Occident allaient chercher chez eux. En arménien, l'insecte qui produit la soie s'appelle chéram , nom qui ressemble assez au <r^p des Grecs. Il est naturel de croire que ces deux mots avaient été empruntés à des peuples plus orientaux. C'est ce que les langues mogole et mandchoue nous donnent la facilité de démontrer. Il en résultera que le nom de la soie, chez les anciens, est véritablement originaire de la partie orientale de l'Asie. La soie s'appelle sirkek chez les Mogols, et sirghé chez les Mandchoux. Ces deux nations habitaient au nord et au nord-est de la Chine. Est-il présumable qu'elles eussent reçu ces dénominations des peuples occidentaux? D'un autre côté, le mot chinois sée ou szu, qui désigne la soie, montre de la ressemblance avec sirghé ou sirkek , et avec le <riïp des Grecs. Cette analogie frappera d'autant plus quand on saura que, dans la langue mandarine, le r ne se prononce pas, tandis que cette finale se trouvait vraisemblablement dans les anciens dialectes de la Chine. Mais le mot coréen str , qui désigne la soie, est tout-à-fait identique avec le orip des Grecs, qui devait se prononcer aussi str. La soie a donc donné son nom au peuple qui la fabriquait et qui l'envoyait dans l'Occident, et les Sères sont évidemment les Chinois, quoi qu'en puissent dire les géographes, qui ne savent employer que le compas pour chercher l'emplacement des nations.

Par la suite on verra que les Chinois ont poussé leurs conquêtes presque jusqu'aux bords de la mer Caspienne, et que ce fut justement dans le temps même où les anciens connaissaient les Sères, au centre de l'Asie, alors soumise à la Chine.

Expéditions Han wou ti ne resta pas long-temps sans profiter des notions que Tchang khian

des Chinois , .

dans l'intérieur lui avait données sur l'Occident. Il envoya, 121 ans avant Jesus-Cbnst, son

iie l'Asie

121 av. J.-C. général Ho khiu phing à la tête d'une armée à l'ouest, pour attaquer l'aile droite des Hioung nou ; car ces peuples considéraient le pays habité par eux comme un vaste campement plutôt que comme un état. Ils étaient partagés comme une armée prête à s'avancer vers le midi ; la partie orientale était l'aile gauche, et la partie occidentale l'aile droite. C'est une division dont on trouve