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salle des douches. Enfin vous pouvez vous mettre à table, la conscience tranquille et avec la satisfaction délicieuse d’avoir accompli votre devoir envers le prochain qui s’appelle « moi ».

On voit le médecin tous les jours ; celui-ci, administrant lui-même les douches, se trouve continuellement en contact avec ses patients et il peut exercer de cette manière un contrôle permanent, fort opportun dans les affections sérieuses pour lesquelles on vient de préférence à Mondorf. Feu M. le professeur Fleury avait institué le traitement sur des bases rigoureusement scientifiques, et son élève, M. Marchai, de même que ses successeurs, ont fidèlement conservé les traditions du maître qui, un des premiers, a su démontrer que la cure aux eaux n’était pas une affaire d’engouement et de caprice, mais un traitement d’une détermination aussi exacte que n’importe quelle autre médication.

On peut d’ailleurs employer fort agréablement le temps qui n’est pas occupé par le traitement. On se trouve d’abord en société, et il est fort à remarquer comme à Mondorf les connaissances se font vite et s’établissent d’une façon solide et durable, en sorte que les baigneurs ne semblent appartenir qu’à une grande famille. Il y a en effet un lien commun, la maladie, la souffrance qui rapproche les hommes, surtout quand le danger de perdre la vie, la perspective de la possibilité d’une issue fatale rappelle si puissamment le dicton inspiré par la sagesse des nations : « Que la vie est courte et l’amitié une douce chose ! » Aux eaux, du reste, le malade se sent mieux à l’aise que chez lui, où la vue de ses semblables bien portants, lui rappelle à tout moment sa situation exceptionnelle, son infirmité, son malheur. Aux bains, il voit des compagnons de douleur, les uns plus malades que lui, dont la vue lui fait oublier ses propres misères, les autres en voie de guérison, dont l’aspect lui donne du courage, de l’espoir et de la per-