Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/24

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se virent confinés depuis dix heures du matin jusqu’à onze heures du soir. Lorsque dans la nuit ils voulurent partir, croyant le calme rétabli, le vent s’éleva de nouveau avec tant de furie que le bateau de poste faillit en être submergé.

« Chacun se lamentait (écrivit alors ce jeune voyageur à l’un de ses amis), oubliant les autres, et cherchant à s’attacher à quelque poutre pour se sauver. Ah ! rien n’est plus dégoûtant que cette crainte de la mort. La vie est le seul bien qui vaille quelque chose, si nous ne la prisons pas trop. Elle est méprisable quand nous ne savons pas facilement l’abandonner, et celui-là seul peut faire de grandes choses,