Page:Kleist - Contes, t. 1, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/25

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qui peut sans peine et avec joie s’en détacher. Celui qui la chérit avec sollicitude est déjà moralement mort, car sa plus belle qualité, qui est de pouvoir la sacrifier, a disparu de son âme.

» Et cependant, combien est incompréhensible la volonté qui nous régit ! Cette chose énigmatique que nous possédons sans savoir comment, qui nous conduit nous ne savons où, qui est notre propriété sans que nous puissions en disposer ; ce don qui perd tout son prix dès que nous l’estimons trop, cette chose semblable à un contre-sens, plate et profonde, vide et riche, digne et méprisable ; cette chose que chacun pourrait rejeter comme