Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tirant la sonnette, elle envoya un de ses gens chercher la sage-femme.

La marquise était encore entre les bras de sa mère lorsque cette femme parut. Madame de Géri lui expliqua le mal que ressentait sa fille. La marquise jura qu’elle avait toujours respecté la vertu, et que cependant elle était pénétrée d’un sentiment inconcevable qui la forçait de recourir à une femme de l’art. La sage-femme, tandis qu’elle l’entretenait ainsi, parlait de la bouillante jeunesse et de la perfidie du monde.

« J’ai déjà, assurait-elle, été appelée dans plus d’une circonstance semblable ; les jeunes veuves, qui se trouvaient dans le même état que vous, prétendaient toutes avoir vécu sur des îles désertes. Mais calmez-vous ; le corsaire impitoyable qui a profité