Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/101

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sans doute de l’obscurité d’une nuit sombre se trouvera bientôt. »

À ces mots, la marquise perdit connaissance. Madame de Géri, qui ne put résister à ses sentimens maternels, lui prodigua des secours pour la rappeler à la vie. Mais l’indignation prévalut lorsqu’elle eut repris ses sens.

« Juliette ! s’écria-t-elle avec la douleur la plus vive, veux-tu bien tout m’avouer ; veux-tu me nommer le père ? » Et ses traits annonçaient l’envie de pardonner. Mais lorsque la marquise lui répondit qu’elle en deviendrait folle, sa mère, se levant, s’écria :

« Va ! va ! tu es indigne de toute pitié. Maudite soit l’heure où je t’enfantai ! » Et elle quitta la chambre.

La marquise, qui eût voulu encore une fois ne plus voir le jour, entraîna la sage-femme à côté d’elle, et, trem-