Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/103

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« Vos couches sont encore éloignées, je vous indiquerai des moyens de cacher votre état aux yeux du monde, et, il faut l’espérer, tout se passera bien. »

Mais les consolations de cette femme étaient autant de coups de poignard qu’elle portait au cœur de la marquise. Elle la pria donc de se retirer.

À peine la sage-femme était-elle sortie, qu’on apporta à Juliette, de la part de sa mère, un billet ainsi conçu :

« M. de Géri désire, vu les circonstances actuelles, que vous quittiez sa maison. Il vous envoie ci-joints les papiers concernant votre fortune, et il espère que le ciel lui épargnera la douleur de vous revoir jamais. »

Le désespoir de la marquise éclata en pleurs abondans. Versant des larmes amères sur l’erreur de ses parens et l’injustice qui en était la suite,