Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/102

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blante, cacha sa tête sur son sein. « Quelles sont les voies de la nature ? lui demanda-t-elle d’une voix entrecoupée ; est-il possible qu’une conception ait lieu avec ignorance de cause ? »

La sage-femme sourit, et lui dit qu’elle ne croyait pas que ce fût là le cas de madame la marquise.

« Non, non, reprit la marquise, ce n’est pas de moi qu’il s’agit ; mais je voudrais savoir, en général, si de pareils phénomènes sont possibles dans l’ordre de la nature.

— Aucune femme sur la terre ne s’est trouvée dans une telle position, excepté pourtant la sainte Vierge. »

La marquise tremblait toujours davantage, elle se croyait à chaque instant sur le point d’accoucher, et supplia la sage-femme de ne pas l’abandonner. Celle-ci la tranquillisa.