Page:Kleist - Contes, t. 2, trad. Cherbuliez, 1832.djvu/106

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siége, fit appeler ses enfans, fit faire tous ses paquets. Elle tenait sur ses genoux le plus jeune, qu’elle enveloppait d’un mouchoir, pour le porter avec elle dans la voiture, lorsque le grand-forestier entra, chargé par le commandant de s’opposer à ce qu’elle emmenât ses enfans.

« Mes enfans ? demanda-t-elle en se levant ; dis à ton barbare père qu’il peut venir et me tuer, mais que jamais il ne m’enlèvera mes enfans ! » puis d’un air calme, et fière de son innocence, elle emmena ceux-ci avec elle dans sa voiture, et partit sans que son frère osât s’y opposer.

Cette noble fermeté lui donna tout-à-coup la conscience de ce qu’elle était, et, de sa propre main, elle se sortit de l’abîme profond dans lequel le sort l’avait jetée. La colère qui brisait son cœur se dissipa lorsqu’elle